Avec plus de 40 millions de touristes en 2019, la Thaïlande était avant la crise sanitaire un géant du tourisme mondial. Conséquence directe, le marché de l'immobilier se portait également bien avec de nombreux acheteurs potentiels. Depuis, l'épidémie de Covid a-t-elle modifié le paysage de l'investissement ? Qui sont les investisseurs actuels ? Quelles sont les lignes directrices pour investir correctement ?
"Avant l'épidémie, le tourisme était en hausse et la demande d'investissement était toujours présente, selon Fabrice Lore, fondateur et directeur de la société immobilière FiveStars située à Bangkok. L'épidémie de Covid a changé la donne de l'économie thaïlandaise et de l'industrie immobilière. Avec un frein important depuis trois ans. L'agent immobilier, originaire de Nice, est tombé amoureux du pays en 1996 lors d'une excursion avec ses amis. Depuis, il s'est installé dans le pays et le coup de foudre n'a pas disparu puisqu'il a créé son entreprise immobilière en 2006. Au départ, il s'est spécialisé dans la location de biens immobiliers aux expatriés ; plus tard, lorsqu'il s'est agi de vendre, les demandes sont devenues plus nombreuses. "En témoigne la baisse de 70 % des ventes d'appartements neufs au dernier trimestre de l'année et au dernier trimestre de l'année 2020. Certains promoteurs ont dû arrêter tout nouveau projet pour se concentrer sur la vente des unités restantes, et certains accordent même des rabais allant jusqu'à 30 % pour l'appartement du centre-ville." En ce qui concerne les vendeurs, certains étaient parfois attentistes et prêts à attendre le retour des investisseurs, tandis que d'autres étaient dans l'urgence, ils ont bradé le prix de leur logement. " Cela a fait le bonheur de quelques-uns de nos clients qui sont acheteurs", explique Fabrice Lore.
La preuve : le marché a su séduire en 2021, en 2022, où l'année a clairement marqué le retour des investissements, et le secteur du tourisme qui a dépassé le seuil des 10 millions de touristes en décembre dernier. Depuis, "la situation médicale est extrêmement excellente, tout est en ordre. La clientèle internationale revient et nous essayons de travailler au bon moment.". Pour Fabrice Lore, le retour des investisseurs européens s'inscrit dans le contexte de ce que connaît actuellement le Vieux Continent : une hausse de l'inflation, des guerres et un environnement géopolitique et socio-économique compliqué, ainsi que les coûts de l'énergie. Mais aussi, l'immobilier devient moins accessible en raison de l'augmentation des taux d'intérêt, des prix qui baissent très peu, et des taux d'usure qui deviennent difficiles à éviter. "Beaucoup de nos clients recherchent moins de contraintes et un meilleur style de vie. Nos clients ne vendent pas seulement une adresse ou une maison, ils vendent des choix de vie !".
Les caractéristiques de ces investisseurs sont les suivantes : des expatriés bien sûr, principalement à Bangkok, mais aussi des retraités et des entrepreneurs qui recherchent principalement des condominiums - c'est-à-dire le terme "résidence" - ou une maison avec au moins deux ou trois chambres, une piscine et un jardin dans le sud du pays, avec une vue sur Koh Samui ou Phuket. "Les investisseurs sont très sollicités car ces biens peuvent être loués rapidement tout au long de l'année avec des rendements locatifs pouvant atteindre 10 %. Il convient également de noter que, depuis 2014, les autorités thaïlandaises ont délivré un "visa d'investisseur" aux étrangers désireux d'investir en Thaïlande pour y séjourner pendant un certain temps ou y passer quelques mois dans l'année. Les seules conditions à remplir sont de renouveler ce visa chaque année pendant la durée de pour la propriété, de posséder un visa sans immigration et de mettre au moins 10 millions de baths (moins de 300 000 euros) pour acheter au moins une unité dans un condominium.
Avant de se lancer, il faut être attentif à l'une des règles les plus importantes en Thaïlande : l'investisseur étranger ne peut pas devenir propriétaire d'un terrain en son nom propre. Pour utiliser le terrain, il faudra être actionnaire d'une société thaïlandaise qui a acheté le terrain ou, en termes plus simples, louer le terrain sur une durée de 30 ans, renouvelable au Land Office, c'est-à-dire au cadastre. Dans tous les cas, la loi thaïlandaise permet aux étrangers de posséder une maison en leur nom propre. Pour ce faire, "on peut s'y prendre soi-même, mais c'est assez hasardeux", précise Fabrice Lore. Les risques d'escroquerie sont réels. Si vous achetez un logement, ce n'est pas une mince affaire avec de petits montants. Il est recommandé d'avoir recours à un expert en immobilier qui connaît le marché, les pratiques et coutumes thaïlandaises, et qui fournira également à l'acheteur, s'il est sérieusement intéressé, des conseils juridiques et un avocat pour assurer la transaction.